Les Dioula, ces commerçants ambulants ont essaimé toute l’Afrique occidentale à la recherche de nouveaux contacts pour leur commerce. Ils se sont toujours illustrés comme de puissants agents économiques. Et les historiens le savent bien. C’est pourquoi, en Côte d’Ivoire, ils ont allié leurs forces à celle des politiciens pour empêcher une association des pouvoirs économique et politique dans les mains de ces Dioula.
Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, on entend des voix discordantes se lever pour parler de “rattrapage ethnique“. En effet, ces personnes reprochent au Président Alassane d’avoir fait la part belle aux gens du nord.
Cela peut être vrai dans une certaine mesure si par opposition aux Akans, aux Krou, aux mandé du sud, on oppose toutes les régions du nord considérées donc par ces théoriciens comme “l’ensemble Dioula“.
En réalité, le piège a toujours été de considérer que toutes les populations portant un certain patronyme sont nécessairement Dioula.
Et pourtant, au nombre de ceux qu’ils appellent Dioula, il faut compter les Koyaka, les Malinkés, les Mahou, les Sénoufo, les Lobi, les Koulango etc…Point besoin de dire encore qu’on peut parler outre ces grands ensembles de Tagbana, de Djimini, de Lorhon, les Falafala.
Considérer que tout le nord est peuplé de Dioula ou encore que, par exemple, tous les Koné sont Dioula est une erreur que le citoyen lambda ivoirien peut commettre. Mais au même moment, il peut éviter cette même erreur avec un peu de recul et d’histoire.
Parce que, au même moment où vous rencontrez des Koné Malinké, il y a en de Sénoufo et même de Dan. Là encore, faut-il comprendre que le Dan est un Dioula ? Au même moment où il y a des Ouattara Malinké, vous en rencontrerez à Bondoukou en pays Koulango. Faut-il en conclure que ces deux peuples, le 1er venu du Mali et le second, du Ghana actuel sont les mêmes ?
Enfin, parler de rattrapage ethnique en Côte d’Ivoire en considérant que tous ceux qui viennent du nord sont systématiquement Dioula est une logorrhée et une entorse grave à notre histoire commune si récente. Une telle conception grégaire voudrait que tous les habitants du sud soient considérés peut-être comme Bété (?) ou encore Attié (? ) ou même Ebrié (?)…Et non, notre histoire vaut mieux que ça.
Il n’y a donc pas de rattrapage ethnique en Côte d’Ivoire, il n’y a que l’affirmation d’une partie des populations du pays qui ont vu en Alassane Ouattara le messie de la révolution Dioula, des années après la disparition des conquérants comme El Adj Omar Tall ou encore l’illustre Samory Touré, parfait avant-coureur de la révolution Dioula.
Ces populations ont eu l’occasion d’affirmer leur identité sans crainte. Elles ont eu l’occasion d’affirmer leur mainmise traditionnelle sur l’économie, et ça, ce n’est guère nouveau.
*Terme désignant commerçant ambulant, Dioula est vulgairement utilisé en Côte d’Ivoire pour qualifier presque tous les peuples des régions septentrionales.
DEGNIMANI YEO
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